Un des concepts les plus importants du taoïsme, et de la philosophie chinoise dans son ensemble, est celui de wu wei, que l’on traduit le plus souvent par « non agir ». On trouve, dans le Tao Te King (le Livre de la Voie et de la Vertu, fondateur du taoïsme) l’expression « wei wu wei », agir sans agir. Cette idée est également fondamentale dans la pratique du taï chi en tant qu’art martial, mais elle n’est pas toujours facile à comprendre.
Comment se bat-on, traditionnellement, en Occident ? L’image la plus parlante, je trouve, est celle de deux épées qui se rencontrent lors d’un duel. Une épée frappe une autre, puis la frappe à nouveau, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une des deux forces prenne le dessus ou contourne l’autre. En d’autres termes, la logique est toujours celle de l’affrontement, et se traduit par l’expression « la meilleure défense, c’est l’attaque ». Le combat occidental est un combat de la force, soit de la force musculaire, soit de la force des armes (ne parle-t-on pas de « force de frappe » ?)
L’éthique du wu wei, et donc du tai chi chuan, est sensiblement différent. Face au coup d’épée, il s’agit de devenir eau, et comme l’eau de ne pas agir, de se laisser porter par ce qui vient. Lorsqu’on donne un coup d’épée dans l’eau (encore une expression bien connue !), on échoue. Pourquoi ? Parce qu’on ne frappe jamais l’eau, qu’elle contourne et entoure qui veut la frapper. Pratiquer le tai chi chuan, c’est se rendre pareil à l’eau. Il ne s’agit pas d’esquive mais de dérobade.
Guillaume Cot